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Tribune : La Loi de Programmation Militaire s’inscrit dans une cohérence politique

L’Assemblée nationale examine la loi de programmation militaire, qui déterminera l’évolution du budget de nos armées pour les six prochaines années. Alors que la guerre frappe de nouveau le sol européen, que de nouveaux impérialismes menacent, tentent de déstabiliser nos économies et nos démocraties, c’est bien notre souveraineté qui est en jeu. Souveraineté militaire et diplomatique, évidemment, dans une logique de partenariats, car nous ne pouvons protéger seuls notre modèle démocratique. Mais souveraineté technologique et industrielle également. Des défis que notre pays a les moyens de relever, dès lors que nos choix s’inscrivent dans une cohérence politique et économique.   

S’il est un domaine de l’action publique qui impose une programmation pluriannuelle des dépenses, c’est bien celui de la défense nationale. Parce qu’il nécessite une mobilisation de moyens cohérente pour atteindre des objectifs vitaux pour le pays, parce qu’il concerne la conception, la réalisation, la livraison et la prise en mains de matériels dont la réalisation s’étale sur plusieurs années. Et parce qu’il est indispensable de permettre à notre capacité à nous défendre d’échapper aux aléas de la conjoncture économique.

Après avoir réparé nos armées, il faut les préparer aux nouveaux défis

L’exercice auquel l’Assemblée nationale se consacre actuellement – d’abord dans sa commission de la Défense, puis lors d’un débat suivi d’un vote qui permettront de compléter et améliorer la proposition du gouvernement – est donc tout à la fois un « classique » de la vie parlementaire, et une nouveauté.

« Classique », parce que, au travers des « lois-programmes » des années 60, puis des « lois de programmation » depuis 1976, c’est par ce mécanisme de planification, gage de pérennité des choix stratégiques, que notre défense nationale peut se construire.

Mais « nouveauté » parce que c’est la première fois depuis des décennies que le texte sur lequel nous travaillons fait suite à une loi de programmation qui a été respectée à l’euro près.

Le Président de la République avait pris l’engagement de réparer nos forces armées, abîmées par plusieurs décennies de « coupes budgétaires » destinées à équilibrer les comptes publics auxquelles ses prédécesseurs s’étaient résolus, dans une logique de court terme. Cet engagement a été tenu, et il crédibilise le travail auquel nous nous livrons aujourd’hui.

Cette constance dans l’effort est d’autant plus indispensable qu’il nous faut désormais faire face à des défis considérables. Des défis évidemment liés à une réalité géopolitique complexe, faite de menaces nouvelles, notamment celles liée aux nouveaux impérialismes : l’Ukraine est le terrain d’expression de ce phénomène qui menace l’Europe tout entière. Mais des défis également liés à des menaces technologiques nouvelles – par exemple en matière de cybersécurité – ou à la nécessité de renouveler des matériels devenus vétustes ou technologiquement dépassés. 

Notre souveraineté s’inscrit dans des alliances renforcées

Pour assurer sa défense, la France est à la fois souveraine (une souveraineté qui se traduit par une force de dissuasion nucléaire autonome que la LPM préserve et modernise), et engagée dans des partenariats stratégiques et opérationnels (notamment au sein de l’OTAN) qui nécessitent une grande cohérence entre alliés. 

Des capacités des uns dépend la capacité de tous. 

En programmant nos investissements, en définissant nos choix de matériels, comme le format humain de nos armées, ce sont aussi des choix collectifs, partenariaux, que nous préparons ou dans lesquels nous nous inscrivons. Des choix stratégiques, des choix technologiques, mais aussi des choix industriels : une partie de notre souveraineté industrielle, tant à l’échelle nationale qu’à celle de l’Europe, se joue aussi au travers de cette loi de programmation militaire.

Sauvegarder la Paix et la sécurité est un préalable de toutes les politiques publiques

Faire tenir notre effort sur la durée (au-delà même du quinquennat en cours, puisque la programmation porte sur six exercices budgétaires) nécessite une forme de consensus : pas plus qu’elle ne saurait être soumise aux aléas économiques, notre défense nationale ne saurait être tributaire de querelles politiques.

C’est pourquoi il nous faut commencer par tordre le cou à l’idée que l’effort de défense du pays se ferait au détriment d’autres postes de dépense, et notamment de ses dépenses sociales ou de ses dépenses environnementales.

D’abord, en rappelant une réalité toute simple, peut-être, mais trop souvent négligée : il n’y a pas de protection sociale sans protection tout court.

Dans un pays en guerre, ou soumis à une pression extérieure, politiques sociales et environnementales sont toujours reléguées au second plan. Quand l’essentiel est la proie d’une menace immédiate, quand l’existence même du pays et la survie de ses habitants sont en jeu, le court terme l’emporte toujours sur la vision de long terme. La Paix est la condition de la solidarité et de la transition écologique.

Et cette Paix, pour être préservée, doit être garantie par un effort de défense à la hauteur des risques. Le budget annuel des armées aura plus que doublé entre 2017 et 2030 : c’est le prix à payer pour notre sécurité. Un prix qui peut sembler élevé, mais qu’il convient de comparer aux ressources que nous consacrons à notre protection sociale : la réalité, c’est que notre pays, chaque année, dépense quatorze fois plus pour la protection sociale des citoyens que pour la défense nationale.

Un effort budgétaire considérable, accélérateur de la réindustrialisation de nos territoires

L’effort, crédible et soutenable, que l’Assemblée nationale devra valider par son vote, répond à des objectifs technologiques et stratégiques majeurs. N’oublions pas son impact économique : on estime que chaque euro d’argent public dépensé génèrera 2€ de richesses supplémentaires d’ici 10 ans. Entre 2017 et 2020, ce sont déjà 35 000 emplois supplémentaires qui ont été créés par l’augmentation de l’investissement de défense.

Les investissements inscrits dans la loi de programmation militaire irrigueront l’ensemble de notre secteur industriel de défense. En Loire-Atlantique, ce sont les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire qui, grâce à leurs compétences industrielles uniques, construiront le Porte-Avions Nucléaire de nouvelle-génération. Le projet, colossal et historique, associera géants industriels et PME innovantes locales. A la clé, des emplois et des retombées économiques importantes sur notre territoire.

Une politique inscrite dans un projet cohérent pour le pays

Tout se tient : en élaborant et en votant la Loi de programmation militaire, l’Assemblée nationale apportera également sa pierre à l’effort de réindustrialisation du pays, à la création de richesses qui contribueront au financement de son modèle social et de ses politiques publiques. Et c’est bien parce que nous aurons mené les réformes de nos comptes publiques nécessaires, à défaut d’être toujours populaires, que nous parviendrons à dégager, dans la durée, les moyens de la financer. 

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