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Faut-il interdire l'écriture "inclusive" ?

Un concitoyen d'Orvault me demande ma position sur la proposition de loi sénatoriale visant à interdire l'usage de l'écriture dite "inclusive". Voici ma réponse :

J’ai lu avec intérêt votre message concernant l’écriture inclusive, qu’à titre personnel je préfère appeler "écriture militante et excluante".   

Il convient en effet de distinguer entre le style et l’écriture. 

Si la volonté d’inclure dans un propos toutes les personnes concernées, il est parfaitement légitime de préciser son propos en parlant des « Françaises et des Français », des « agricultrices et des agriculteurs », ainsi que de féminiser des noms de métiers ou fonctions exercés par des femmes (première ministre, chirurgienne, oratrice). L’adoption de ce style inclusif est de la responsabilité de celui qui s’exprime, et le résultat est toujours de s’exprimer dans une langue compréhensible par tous, commune à tous. 

En revanche – et je pense sur ce point rejoindre votre propos -, l’adoption d’une écriture spécifique, qui torture la langue au point de totalement briser le lien existant entre ce qui s’écrit et ce qui se prononce, relève d’une autre démarche. Il s’agit d’un acte militant, qui a pour conséquence de produire une novlangue incompréhensible par beaucoup : par les personnes qui maîtrisent mal le Français, par les personnes souffrant de troubles du langage et de l’expression, dyslexiques, dysorthographiques notamment. 

Ce qui est censé représenter une volonté d’inclusion produit de l’exclusion : ce n’est pas le moindre des paradoxes de ce mode (pour ne pas dire cette mode) d’expression auquel je suis profondément opposé. 

Comme vous le savez sans doute, une circulaire ministérielle proscrit déjà de l’éducation nationale le recours en classe à l’écriture inclusive, et particulièrement le point médian. Cette circulaire faisait suite à une première instruction d’Edouard Philippe aux membres de son gouvernement, pour les communications de l’Etat, qui demeure appliquée. 

Faut-il aller plus loin ? 

J’avoue ne pas avoir étudié profondément le sujet, mon activité parlementaire étant essentiellement concentrée sur les questions de sécurité et de défense nationale, domaines dans lesquels l’écriture inclusive militante est peu répandue. 

Mais les députés sont appelés à s’exprimer et à voter sur tous les sujets qui font la vie de la Nation. 

Dans la perspective d’un éventuel examen d’un texte sur l’écriture inclusive à l’Assemblée nationale, voici donc ma position personnelle : je ne suis pas, par principe, opposé à ce que la proscription du point médian ou de nouvelles expressions du type iel, celleux, et autres néologismes incompréhensibles soit étendue à d’autres domaines de notre vie collective, et notamment dans les actes et supports de communication d’institutions de la République. 

Mais je suis également conscient de la nécessité de rester prudent pour ce qui concerne les correspondances, actes et communications privés, une interdiction trop large de l’utilisation de l’écriture inclusive risquant d’être déclarée contraire au principe constitutionnel de liberté d’expression."

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