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“Pas toi, pas ça”: pourquoi je soutiens le projet de loi sur l’immigration
S’il est un texte sur lequel les prises de position des parlementaires français issus de l’immigration sont particulièrement scrutées, c’est bien le projet de loi sur l’immigration, actuellement en cours de discussion au Parlement.
Exiger des élus qu’ils portent, du fait de leurs origines, un regard singulier sur les textes qui leur sont soumis, relève d’un processus d’essentialisation insupportable. Le sujet de l’immigration ressort moins d’une posture morale ou d’un « point de vue » personnel que d’un examen, rationnel et pragmatique, de la réalité du pays.
Mieux contrôler les flux migratoires, éloigner plus rapidement et plus efficacement les déboutés du droit de séjour du territoire national, ne pas laisser s’entasser dans les quartiers dits sensibles des populations qui n’ont pas vocation à demeurer sur notre sol : rien de cela n’est xénophobe. Bien au contraire : c’est une condition indispensable pour permettre à la République d’accompagner les habitants de ces quartiers vers la formation, l’emploi, pour leur garantir une réelle insertion sociale et économique.
La maîtrise renforcée des flux migratoires, qui est au cœur du projet de loi à l’examen au Parlement, est d’autant plus indispensable que les migrations s’amplifient désormais sous l’effet d’offensives étrangères. Comment ignorer leur inscription dans le cadre d’une guerre idéologique menée contre l’occident ? Notre pays, et plus largement l’Europe, ne peut pas se résoudre à voir le franchissement de ses frontières devenir l’enjeu des manipulations géopolitiques orchestrées par des puissances qui utilisent l’arme migratoire pour déstabiliser nos sociétés.
Ne pas entretenir de vain espoir, ne pas sombrer dans la facilité de mesures d’accueil transitoires apparemment généreuses, mais qui enferment dans la frustration, ne pas encourager des parcours d’errances qui, chacun le sait, ne trouveront pas d’issue : ce n’est pas faire preuve d’inhumanité, bien au contraire, c’est traiter les individus avec respect. Et c’est affirmer une souveraineté, Française et Européenne, face aux puissances qui utilisent les migrations comme une arme.
Le projet de loi sur l’immigration ne s’inscrit pas plus dans le fantasme de « l’immigration zéro », que le Rassemblement National promeut et dont l’échec italien de Madame Meloni illustre l’imposture.
Cette « immigration zéro » impossible, nos propres concitoyens en seraient d’ailleurs les premières victimes : qui accepterait aujourd’hui l’idée selon laquelle un jeune Français ne pourrait, par opportunité professionnelle, par goût de la découverte, par amour aussi, faire sa vie en dehors du territoire national, dès lors qu’il respecterait les règles d’accueil de son pays de destination ?
Migrer est une dimension de la condition humaine, comme l’accueil de travailleurs étrangers est un des moteurs de l’activité économique.
C’est pourquoi il paraît essentiel de rendre plus fluide la délivrance de titres de séjour à des travailleurs étrangers, pour une durée définie, et sur des métiers en tension.
Là encore, quittons les postures : je ne pense pas qu’il existe un seul député auquel des commerçants, des chefs d’entreprise n’aient fait part de leur difficulté à recruter, et notamment à concrétiser une embauche avec un travailleur sans papiers, intégré, désireux de gagner, par son travail, son indépendance.
Répondre à cet objectif, par un dispositif législatif équilibré, qui permette l’examen de tous les paramètres à prendre en compte, fait l’objet de discussions entre sénateurs et députés.
Ce droit doit-il être automatique et opposable, pour être pleinement efficace, ou être soumis à l’appréciation des préfets ? J’avoue ne pas avoir de certitudes sur cette question.
Mais c’est précisément le rôle de la discussion parlementaire, du travail entre le Sénat et l’Assemblée nationale, que de faire émerger un point d’équilibre. Nous avons le devoir de créer des convergences entre des positions différentes, dès lors qu’on partage le même objectif : rester maîtres de la question et sortir des zones d’incertitudes qui fragilisent et le travailleur concerné et son employeur potentiel.
Voilà les raisons qui me font soutenir le projet de loi présenté par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt.
Et à tous ceux, qui (je les entends d’ici) seraient tentés d’objecter, dans un réflexe pavlovien, « pas toi, pas ça », j’ai juste envie de répondre « précisément, moi, et précisément ça. Parce que j’ai la faiblesse de penser que, en tant que citoyen et non en représentant d’une quelconque communauté, je sais de quoi je parle ».