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Tribune : Médine et le plan secret d’EELV et de LFI

Tribune à retrouver en intégralité sur Le Point.

Le rappeur Médine sera l'invité des journées d'été d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), le 24 août, puis de l'université d'été de La France insoumise (LFI), le 26 août. Pour ceux qui l'ignorent, Médine Zaouiche est un rappeur français, originaire du Havre, dont la carrière n'a jamais vraiment décollé. Ses productions musicales apparaissent même comme une goutte d'eau dans l'océan du rap français. Les chiffres le prouvent. Malgré ses « punchlines » condamnables, il n'entre même pas dans le classement des 50 rappeurs français les plus écoutés. La plateforme Spotify fait état d'un peu plus de 600 000 auditeurs par mois, alors que le 50e français du classement (Zkr) en revendique plus d'un million. Le rappeur marseillais Jul (le numéro 1) culmine à plus de 8 millions d'auditeurs par mois.

Vote musulman

Pourquoi fait-il l'objet d'invitations à débattre ? L'objectif poursuivi par EELV et LFI est la recherche de réaction. Ces deux formations importantes de la Nupes ne peuvent ignorer le passif de leur invité. En l'invitant, elles espèrent donc que cela va générer des commentaires qui ne feront que renforcer leur stratégie de récupération du vote communautaire musulman. En laissant sous-entendre que ces réactions seraient contre ce qu'est le rappeur, et non contre ce qu'il écrit ou interprète, elles organisent et misent sur le sentiment de persécution d'une partie de nos compatriotes dont elles espèrent récolter les suffrages.

Pour le rappeur, le deal est intéressant. En mal évident d'auditeurs, il sait que sa participation va faire parler de lui et probablement susciter l'intérêt pour ses productions. Il sait aussi qu'il a besoin de renforcer son capital subversif, en se présentant comme un artiste persécuté pour ce qu'il est par un système qui en ferait de même avec celles et ceux qu'il prétend représenter. Ce « donnant-donnant » est assez pitoyable. Ces invitations estivales répondent à une double logique marketing : l'invité espère y augmenter sa (maigre) part de marché dans l'univers du rap, ses hôtes entendent y cultiver leur part de marché électorale.

Posture politique

Ces petits calculs ne seraient que cynisme assez pitoyable s'ils ne s'accompagnaient pas d'une autre conséquence, autrement délétère. Ils banalisent les provocations antisémites, homophobes ou misogynes, leur confèrent même une forme de respectabilité. Ils n'aboutissent qu'à diviser, à découper la société en tranches irréductibles.

S'offusquer ne suffit pas. Les parlementaires que nous sommes ont raison de s'offusquer de ces invitations. Mais simplement les condamner ou demander aux responsables de ces formations politiques d'y renoncer publiquement ne suffit pas. Car leur effet premier est de permettre à la Nupes de continuer à faire croire à une partie de nos compatriotes qu'elle seule se préoccupe de leur condition.

Si la liberté d'expression doit être protégée et encouragée, les déclarations, les tweets écœurants ou les textes condamnables du rappeur doivent faire l'objet d'une saisine du procureur compétent au titre de l'article 40 du Code de procédure pénale.

Insurrection populaire

Ce n'est pas un hasard si, pour identifier les personnages censés représenter les « quartiers », certains partis de la Nupes ne choisissent que les plus caricaturaux, ceux qui correspondent aux préjugés les plus répandus dans la société française envers la banlieue : des personnages brutaux, tenant des discours religieux délirants, intolérants envers les femmes et les homosexuels… L'objectif, pour des forces politiques qui cultivent le fantasme de « l'insurrection populaire », est d'entretenir une béance sans fond entre les banlieues et le reste de la société. De créer les conditions de l'incompréhension et de l'affrontement.

Mais les « quartiers » ne sont pas réductibles à un rappeur provocateur en mal de notoriété. Ils sont peuplés d'hommes et de femmes qui aiment ce pays, qui est bien souvent le leur. Ces hommes, ces femmes, ces jeunes, attachés à l'école, à la bibliothèque, au centre commercial, à la mairie annexe. Qui ont parfois pleuré de rage et d'incompréhension lorsqu'ils les ont vus vandalisés.

Les quartiers ont aussi leur majorité silencieuse. Cette majorité-là, l'extrême gauche cherche à la prendre en otage, tandis que l'extrême droite refuse de la considérer. C'est à cette majorité silencieuse là que, au travers de nos politiques de la formation, de l'emploi, de lutte contre toutes les formes de discrimination, de lutte contre les trafics et les incivilités qui pourrissent la vie quotidienne, nous apportons des réponses concrètes.

Nous le faisons toute l'année, dans l'action parlementaire, dans le dialogue sur le terrain. Pas dans des opérations marketing douteuses, organisées au creux de l'été, destinées à faire polémique sur les réseaux sociaux sans rien régler des difficultés ; pire : en les aggravant. On ne répondra pas efficacement à la provocation des invitations de Médine sans commencer par rappeler cela.

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