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La guerre en Ukraine, vue de l’Assemblée nationale

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Il y a deux ans, à l’initiative exclusive de la Russie, débutait ce que Vladimir Poutine présentait comme une simple "opération militaire", dont il espérait qu’elle ne dure que quelques jours. 

C’était sans compter sur la force de résistance de l’Ukraine, incarnée par la figure de Volodymyr Zelenski. C’était sans compter sur la solidarité de l’occident, Etats-Unis et Europe en tête, bien décidés à ne pas laisser la Russie faire main basse sur l’Ukraine démocratique et menacer directement l’intégrité et la sécurité des pays de l’ex-bloc de l’Est qui ont rejoint l’Union Européenne. 

Depuis deux ans, tandis que les forces ukrainiennes résistent avec courage, l’Occident est placé face à ses responsabilités. Aux États-Unis, la question du soutien à l’Ukraine est devenue un enjeu de politique intérieure, la perspective d’une victoire de Donald Trump faisant peser une menace sur la solidité des soutiens au pays agressé. Si le soutien des Européens parait plus fiable, malgré les ambiguïtés hongroises, les nouveaux équilibres que dessinera le scrutin européen de juin prochain constituent également un facteur de risque. Mais nul ne peut nier que l’Union Européenne a tenu : grâce à l’engagement des chefs d’États et de gouvernements des pays membres, mais aussi aux choix opérés dans chaque parlement national. 

Nos pays ne sont certes pas en guerre, directement. Mais nous vivons incontestablement dans un contexte de guerre. 

Et cela a des conséquences sur notre vie nationale. Des conséquences que l’on mesure au Parlement, dans nos décisions, dans les défis nouveaux qu’il nous faut relever. Je dois dire qu’en tant que député, je suis souvent assez effaré de voir tant d’acteurs et de commentateurs politiques ignorer à quel point à l’occasion du conflit en Ukraine, l’ombre du nouvel impérialisme russe étend sa portée sur les travaux du Parlement. 

Dès les premiers jours de notre mandat, le Parlement a dû prendre des mesures indispensables, mais coûteuses pour nos finances publiques, pour accompagner les Français face à une augmentation faramineuse des coûts de l’énergie, conséquence directe de l’agression russe. A peine sortis d’une crise sanitaire qui avait mobilisé les ressources de l’Etat dans des proportions jamais vues jusque-là, il nous a fallu mettre en place bouclier tarifaire, accompagnement de secteurs entiers de l’économie face à l’inflation… Autant de décisions inéluctables, mais qui pèsent et pèseront durablement sur nos finances publiques. Voir certains groupes politiques continuer à en appeler sans cesse à une augmentation des dépenses, sans tenir compte de cette réalité, je dois l’avouer, cela me laisse souvent sans voix. 

Car dans le même temps, nous avons dû relever notre propre capacité de défense. 

Sur le plan purement militaire, d’abord : membre de la commission de la défense, rapporteur du budget des équipements, je mesure l’ampleur inédite de la mobilisation engagée. Les financements de l’État connaissent une croissance forte, grâce au vote de la Loi de Programmation Militaire. Les dépenses militaires de la France atteindront 2% du PIB en 2024. C’était un des objectifs phare de l’OTAN, dans le cadre de la défense collective de notre continent. Un autre indicateur, moins médiatisé, démontre l’ampleur de notre mobilisation : alors que l’OTAN vise l’objectif de consacrer 20% du budget de la défense des Etats-membres aux investissements dans les équipements, cette proportion atteint désormais près de 30% dans notre pays

Les efforts de production des industriels sont réels, à la fois pour mettre à niveau nos capacités propres de défense et pour fournir aux Ukrainiens le soutien militaire indispensable face à l’agression russe. 

Les mesures que nous sommes amenés à prendre pour contrer l’agressivité russe ne se limitent pas au champ militaire. Le régime de Poutine a également enclenché une guerre informationnelle contre l’occident, en finançant des plateformes numériques de désinformation, en encourageant les cyberattaques contre nos intérêts économiques, culturels, financiers, et contre nos services publics. Là encore, les travaux que nous menons au Parlement sur les questions numériques sont directement impactés par les conséquences du nouvel impérialisme russe. 

En réalité, dans de nombreux domaines de l’action publique, sur beaucoup des textes qui nous sont soumis, la nouvelle donne internationale pèse. Comment ne pas ressentir une forme d’exaspération quand on constate que tant d’acteurs politiques, dans ce contexte, continuent leurs petits jeux partisans et boutiquiers ? Comment ne pas s’étonner que tant de commentateurs continuent à ignorer ce contexte singulier, qui influe pourtant sur tant de nos travaux législatifs ? 

Il y a deux ans, par la volonté de la Russie de Poutine, la guerre a refait son apparition sur notre continent, bouleversant la vie de millions de personnes. Les conséquences du nouvel impérialisme russe pèsent également sur notre vie politique nationale. Et si acteurs et commentateurs de la vie parlementaire sortaient enfin de leur étrange déni ? 

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