"Après le 7 octobre"
Les proches des victimes et les otages méritent notre absolue compassion et le Hamas doit être désigné pour ce qu’il est : une organisation terroriste qui, après avoir transformé Gaza qu’elle contrôle en enfer à ciel ouvert, a commis le pire des crimes : un crime de nature génocidaire, qui a ciblé des juifs parce que juifs – conformément à ce qui est inscrit dans la charte constitutive du Hamas.
Les exactions du 7 octobre, et les enlèvements d’otages, ont mis en évidence un danger immédiat et permanent pour la population civile Israélienne et pour l’intégrité territoriale du pays.
Face à un tel danger avéré, l’action militaire de l’État dont les citoyens ont été attaqués est légitime, dès lors qu’elle a pour but non d’assouvir une vengeance, mais de délivrer les otages et de faire cesser définitivement la capacité offensive des assaillants, tout en tenant compte de la présence sur le champ des opérations de populations civiles.
Dans cette guerre, tout doit bien évidemment être mis en œuvre pour épargner la population civile et veiller au respect du droit humanitaire international : c’est ce qui distingue une démocratie engagée dans un conflit des terroristes criminels qu'elle combat.
Le soutien français à Israël ne signifie en rien une quelconque insensibilité envers la population civile palestinienne. Les Palestiniens de Gaza sont en situation de double vulnérabilité : face à la terreur qu’y fait régner le Hamas, face aux conséquences de la guerre menée par Israël contre la branche armée de l’organisation terroriste.
Je soutiens donc pleinement les efforts de la diplomatie française pour ouvrir des corridors humanitaires depuis l’Égypte, qui permettent d’acheminer médicaments, eau et nourriture qui manquent cruellement aux gazaouis. Et je me félicite que ces efforts, convergeant avec ceux d’autres pays de la communauté internationale, ont permis la mise en place d’un circuit d’approvisionnement.
De même, je partage la position constante de la France qui appelle à une solution diplomatique garantissant la sécurité d'Israël tout en permettant la concrétisation d'un État Palestinien pacifique et respectueux du Droit.
Le Président de la République, dont je soutiens l’action et les initiatives, a rappelé ces principes et agit inlassablement pour les mettre en œuvre. Le Président Macron est le seul chef d’Etat occidental à s’être rendu cette semaine à la fois en Israël, en Cisjordanie, en Jordanie et en Égypte. En tenant à chacun de ses interlocuteurs la même position de condamnation sans réserve de l’attaque du Hamas, de soutien au droit d’Israël à se défendre, de rappel du Droit humanitaire international, et de soutien à la perspective de deux États, il a tenu la position d’équilibre qui a toujours été celle de la France.
Cette position ne pourrait être qu’affaiblie si notre pays devait devenir un champ de conflictualité annexe du Proche-Orient. C’est l’objectif de terroristes qui frappent sur notre sol. Mais ce pourrait également être la conséquence d’un manque de vigilance, ici, pour défendre nos valeurs républicaines. Je crois donc qu’il nous faut également être attentifs aux répercussions de la situation au Proche-Orient au sein de la société française.
Pays historiquement catholique, la France abrite l’une des plus grandes proportions de personnes se déclarant agnostiques en Europe, la première communauté juive et la première communauté musulmane du continent. Notre modèle républicain, qui tient ensemble une Nation aussi diverse que la nôtre, est fondé sur une idée lumineuse : la laïcité.
Ce n’est pas un hasard si notre laïcité – et ceux qui la font vivre : les professeurs - est la première cible des terroristes islamistes. Cette laïcité, nous devons la défendre, car c’est elle qui nous permet de vivre ensemble en liberté.
J’ajoute que si l’expression publique du soutien à la cause palestinienne est parfaitement légitime, un certain nombre de slogans qui ont ponctué les rassemblements de ces derniers jours desservent à mon sens la cause palestinienne, en même temps qu’ils trahissent ce que nous sommes en tant que Nation.
Des invocations religieuses s’y sont fait entendre : elles ne respectent pas la laïcité, puisqu’elles transforment des rassemblements de nature politique en manifestations de nature confessionnelle. Elles trahissent également la nature du conflit territorial du Proche-Orient : les souffrances endurées par le peuple palestinien sont les mêmes, quelles que soient les croyances religieuses des Palestiniens, qui ne sont pas tous musulmans. J’ajoute qu’à chaque fois que les aspirations d’autonomie exprimées par les Palestiniens ont pris la forme de revendications religieuses, cela a engendré des violences et des déchirements dont les Palestiniens ont été les premières victimes.
Ces expressions n’ont aucune incidence sur la situation des gazaouis, ne contribuent en rien à améliorer la condition faite aux Palestiniens.
En revanche, elles entretiennent dans notre pays une atmosphère détestable et dangereuse. Il s’y exprime une forme de complicité envers le projet d’un islamisme politique – celui-là même qui inspire les terroristes qui a déjà tant meurtri notre pays.
Et cette perspective-là, compte tenu de ce que je pense comme de ce que je suis, m’est profondément insupportable.